Historique du Kung Fu

 

Historique du wushu

 

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Introduction :

« Nulle chose n’est compréhensible que par son histoire » (Pierre Teilhard de Chardin, extrait de L’Avenir de l’Homme). Et le kung-fu n’échappe pas à cette règle. Nous allons donc retracer l’histoire de la Chine dans ses grandes lignes, pour suivre l’évolution du kung-fu.

I. De la préhistoire à la fondation du temple de Shaolin

 

1. La préhistoire chinoise

 

Pendant la période préhistorique, on trouve l’origine des arts martiaux. Sans parler de réelles techniques élaborées, l’homme a dû trouver comment chasser pour se nourrir, comment se défendre, …. On retrouve d’ailleurs des premières traces d’armes de pierre datant de -5000 avant J-C, dans la province du Henan (région qui accueillera, comme nous le verrons ultérieurement, le monastère de Shaolin). L’homme, pour s’adapter à son environnement, s’inspire de ce qui l’entoure, d’où l’importance des styles zoomorphiques.

 

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Peintures rupestres chinoises

 

Cette période se confond avec les temps des « Trois Augustes » puis des « Cinq Souverains », personnages qui auraient tout inventé : cultures, techniques, langages, règles sociales, … Notamment, Huangdi, l’Empereur Jaune (règne de -2697 à -2598, selon les Mémoires historiques de Sima Qian, historien du IIe siècle avant J-C) aurait présenté les premiers systèmes de lutte chinois. Selon la légende, Chiyou, autre personnage mythologique, avait de meilleures armes que Huangdi. Ce dernier prit la décision de développer un ensemble de mouvements offensifs et défensifs. Il enseigna ces techniques à son armée et prit l’avantage définitif contre Chiyou.

 

 

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L’Empereur jaune

 

 

Aux « Trois Augustes » et aux « Cinq Souverains » succèdent les Trois Dynasties :

- Dynastie Xia (Hia) : du XXe au XVIIe siècles avant JC ;

- Dynastie Shang (Chang) ou Yin : du XVIIe au XIe siècle avant JC ;

- Dynastie Zhou (Tcheou) : du XIe à 221 avant JC.

 

Nous allons revenir sur ces trois dynasties pour voir quel a été leur apport dans l’évolution des arts martiaux chinois.

 

2. Les Trois Dynasties

 

a. Du XXe au XVIIe siècles avant J-C : la Dynastie Xia

 

C’est le début de l’âge de bronze, ce qui aura plus tard un impact sur les armes utilisées.

Cette dynastie est basée dans le Shanxi. Parallèlement à celle-ci, la dynastie Shang monte : elle convoite les terres des Xia dans la vallée du Fleuve Jaunes (Huang-he).

 

b. De 1500 à 1050 avant J-C : la Dynastie Shang

 

Concernant le contexte politique, c’est une période où sont livrées de nombreuses guerres pour trouver des esclaves.

 

En-dehors de ces guerres, on peut noter l’organisation de tournois (notamment la fête du Printemps et de l’Automne) au cours desquels se déroulent des combats, des démonstrations individuelles avec ou sans armes, des exhibitions de force, … Il faut également noter que l’Antiquité chinoise (1722-981 avant J-C) voit le développement de rites tels que des danses martiales pour honorer les ancêtres.

 

C’est aussi à cette période que l’on trouve les premières armes en bronze (vers 1400 avant J-C). Cette avancée explique sans doute que les Shang aient codifiés les techniques d’affrontement avec ces armes à la fois plus légères et plus solides. Le wushu est d’ailleurs peu à peu structuré et enseigné de manière formelle.

 

Cette dynastie prend fin lorsque Wu (le « guerrier »), prince Zhou, la renverse.

 

 

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Zhou Wu Wang

 

 

 

c. Vers 1050 à 222 avant J-C : la Dynastie Zhou

 

Pendant la dynastie Zhou, les applications martiales du wushu sont utilisées à des fins militaires.

 

On peut scinder cette nouvelle période :

- Les Zhou de l’ouest (XIe siècle à 770 avant J-C) ;

- Les Zhou de l’est (770-222 avant J-C).

 

· Les Zhou de l’ouest :

Du point de vue historique, on peut noter que les Zhou venus du Shenxi placent leur capitale à Hao (près de Chang’an). C’est le début historique de la Chine avec la mention d’une éclipse solaire (vérifiée). L’écriture apparaît à cette époque.

 

· Les Zhou de l’est : l’époque des royaumes combattants

La dynastie Zhou subit la pression barbare au nord et déplace la capitale à Lo-Yang (Luo Yang). C’est une période d’anarchie où l’on assiste au déclin de l’autorité. Le royaume éclate en provinces rivales, avec un développement du système féodal. Deux périodes peuvent être définies :

- Le Chun-qiu (722 à 481 avant JC) : le Sage Kong-Zi (Confucius) propose, aux différentes cours féodales, une morale et une éducation capables de sortir la Chine de l’anarchie. Il suggère que les gens devraient pratiquer les arts littéraires autant que les arts martiaux. C’est ainsi que les arts martiaux commencèrent à être pratiqués par des citoyens ordinaires, et non plus seulement par des militaires ou des sectes religieuses.

- Le Chan-Guo (« Royaumes combattants » : 481 à 221 avant JC) : A cette époque, les guerres civiles sont incessantes. Quelques intellectuels et moralistes sont à la recherche de règles de vie pouvant mettre fin à ce chaos : on peut citer Lao-Zi (école Dao-jia = Taoïsme) et Meng-zi (école Ru-jia : Confucianisme). A l’issue de cette période de guerres, de terreur et de massacres, le clan Qin finit par s’imposer.

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Confucius

Voici une liste des écrits de cette période qui ont trait aux arts martiaux :

- On peut noter que l’un des textes classiques du confucianisme (Zhou Li) intégrait le tir à l’arc à une liste de « six arts » de la dynastie Zhou (les autres arts étant : les rites, la musique, la calligraphie, les mathématiques, et la conduite des chars). Et, en effet, cette période voit le développement de l’archerie.

- Sun-zi rédige le « Traité de la guerre » au VIe siècle, qui contient des idées reprises dans les arts martiaux chinois.

- Concernant les techniques de combat, on peut également noter la rédaction d’un premier écrit sur la pratique de la boxe appelée « Quanyong » (« boxe courageuse »), de l’escrime Zhouli, du bâton Zhoushu.

- Dans l’histoire de « La Jeune Fille de Yue » (dans les « Annales des Printemps et des Automnes » de l’Etat de Lu, au Ve siècle avant J-C), on trouve une théorie de combat à main nue, dont la présentation de notions de « techniques dures » et « douces ».

 

Les premières formes de danses martiales Tao Lu font aussi leur apparition : il s’agit de mémoriser les techniques de combat efficaces. Les écoles d’arts martiaux se développent. Enfin, les premiers véritables concours martiaux sont organisés (ce sont les ancêtres des compétitions modernes).

 

3. Le Premier Empire

 

a. De 221 à 207 avant J-C : la Dynastie Qin

 

Du point de vue historique :

L’Etat est unifié sous Zheng (Tcheng) qui prend le nom de Sin Shih Huang-Di. Il entreprend la construction de la Grande Muraille. Il procède également à l’unification des poids et mesures, de la monnaie, de l’écriture et des lois. En revanche, les livres anciens sont brûlés et des milliers de lettrés, notamment confucéens, sont exécutés.

Concernant le wushu, les besoins militaires entraînent des innovations dans les techniques de combat et les armes employées. C’est sous la Dynastie Qin qu’apparaissent les enchaînements codifiés à deux. On peut noter, sur cette période, la première rencontre arbitrée de Shoubo, contemporain du pancrace, caractérisé par l’utilisation de différentes techniques de combat : pieds, poings et lutte.

 

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Soldats de terre cuite, dynastie des Qin

 

Mais, déjà du vivant de Huang-Di, la dynastie Qin décline, et le règne de son fils, de 210 à 206, est le signal de la reprise de l’anarchie, avec le retour des guerres et de l’insécurité.

 

b. De 206 avant J-C à 220 après J-C : la Dynastie Han

 

Comme la Dynastie Zhou, cette période se divise en deux parties :

- Les Han de l’ouest (de 206 avant JC à 24 après JC) : Cette nouvelle dynastie se place sous le signe de la morale confucéenne.

- Les Han de l’est (25-220) : Cette période voit le développement du bouddhisme. L’unité de l’empire est compromise en raison d’une succession d’enfants sur le trône, contestés par les grands mandarins. Suite à la révolte des Turbans Jaunes, secte taoïste, le pouvoir central éclate. Depuis cette époque, les Chinois sont des « Fils de Han ».

 

Les premières traces dûment répertoriées d’arts martiaux (Wu-Shu) remontent à cette époque. Il est à noter que durant ces deux dynasties, Qin et Han, l’attrait pour le wushu est de plus en plus important, ce qui a pour effet une pratique davantage apparentée à un art de vivre, en mettant l’accent sur la santé physique.

On peut également signaler l’existence de boxes imitatives telles que le Tanglangquan, ou « boxe de la Mante religieuse », dans la province historique du Wushu, le Shangdong.

Dans le « Livre des Han », on mentionne qu’il existait une différence entre un combat sans arme nommé Shoubo (dont nous avons précédemment parlé dans la partie concernant la Dynastie Qin), et la lutte sportive, connue alors sous le nom de juélì ou jiǎolì. Cette forme de lutte, mentionnée dans le « Classique des rites » (Li-King) au Ier siècle avant J-C, inclut des techniques de frappe, de projection, de manipulation articulaire et des attaques des points vitaux.

Il existe bien d’autres ouvrages datant de cette époque décrivant des techniques de combat. Citons simplement l’exercice élaboré par le médecin Hua Tuo, exercice fondé sur l’observation des Cinq Animaux (Wuqin xi).

c. De 220 à 280 : les Trois Royaumes

L’empire a éclaté en trois Etats qui se font la guerre : les Wei dans le nord, les Shu dans l’ouest, les Wu dans le sud-est. La conséquence en est le développement des arts guerriers.

 

d. De 280 à 589 : la Dynastie Jin et les Royaumes Barbares

 

La dynastie des Jin tente de réunifier la Chine entre 265 et 291. Cette dynastie a duré de de 280 à 420.

 

Mais dès 304, le pays est éclaté en 16 royaumes. C’est pendant cette période trouble (plus exactement pendant la dynastie Liang de 502 à 535) qu’apparaît un moine bouddhiste, Bodhidharma, venu d’Inde, se rendant au monastère de Shaolin.

 

e. De 420 à 589 : la fondation du monastère de Shaolin

 

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L'entrée principale du monastère Shaolin

 

Ce serait vers 495 qu’aurait été fondé le monastère de Shaolin, considéré par les historiens d’arts martiaux comme le berceau du premier ensemble de techniques alors connues pour le combat à main nue.

Il fut construit dans une zone à la croisée de voies de communication. C’est par cette porte que la doctrine bouddhique, venue d’Inde, entra en Chine dès le premier siècle de l’ère chrétienne.

Vers 520, le religieux indien Bodhidharma arrive au monastère de Shaolin. Il enseigne aux moines la méditation chan, mais également des techniques de combat (la boxe des 18 Luo-Han, qui constitue la charpente d’une première séquence de mouvements), pour se défendre contre les brigands qui parcouraient alors la Chine.

Vers 556, le temple subit une destruction partielle. Il est restauré en 559 par l’empereur Wen Ti.

 

C’est pendant cette période allant de 420 à 589 qu’apparaît pour la première fois le terme Wushu dénommant les arts martiaux chinois.

 

II. Les Deuxième et Troisième Empire

 

1. Le Deuxième Empire

 

a. De 589 à 617 : la Dynastie Sui

 

Pendant la dynastie Sui, le pays est réunifié. C’est une période de grandes réformes, la dynastie Sui étant qualifiée de dynastie de bâtisseurs.

Malheureusement, les réformes s’accompagnent d’efforts demandés au peuple. Ceci provoque des soulèvements et l’assassinat du fils du fondateur.

 

Concernant le monastère de Shaolin sous cette dynastie, une stèle de 728 atteste d’une défense du monastère contre des bandits vers 610.

 

b. De 618 à 906 : la Dynastie Tang

 

Selon la légende, treize bonzes du temple de Shaolin apportent leur aide à Li Shih-Min, fondateur de la dynastie des Tang, contre l’usurpateur Wang Shih-Chung. Devenu l’empereur T’sai Tung, Li remercia le monastère de Shaolin en lui donnant d’immenses terres et des privilèges.

 

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T’sai Tung

Sous la dynastie Tang, on voit le développement de techniques martiales, notamment à partir du monastère de Shaolin. Les premiers examens de Wushu (avec médailles et diplômes) sont mis en place. Des descriptions de danses d’épée sont immortalisées dans les poèmes de Li Bai.

 

A la fin du VIIIe siècle, l’armée commence à se révolter et les Tang sont contraints de faire appel à des mercenaires barbares. Le dernier empereur doit abdiquer.

 

c. De 907 à 959 : les cinq dynasties et les dix royaumes

 

La Chine est à nouveau divisée : cinq nouvelles dynasties se partagent la Chine du nord, et dix autres Etats dits « illégitimes » la Chine du sud.

 

d. De 960 à 1279 : la Dynastie Song

 

 

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Taizu, empereur Song (960-976)

 

 

D’un point de vue historique, cette dynastie comprend deux périodes :

- Les Song du nord (960-1127) : La dynastie est fondée par Zhao Kuang-yi (connu sous le nom d’empereur Taizu) dans la ville de Kaifeng. Elle s’allie à l’empire Jin de Mandchourie, afin de vaincre afin de vaincre les Ki-tan. Finalement, les Jin se retournent contre les Song et les écrasent en prenant Beijing.

- Les Song du sud (1127-1276) : L’empereur Song est fait prisonnier. Son frère parvient à fuir dans le sud et à créer un nouveau pouvoir à Nanjing, puis à Hangzhou. Les barbares continuent à déferler sur la Chine du nord.

 

C’est en raison des nombreuses agressions de barbares mandchous que l’empereur favorise la diffusion et la pratique du wushu. Le but est le peuple sache se défendre lui-même. De nombreuses écoles sont fondées, mais également des sociétés secrètes. La plupart des styles internes naissent à cette époque. En revanche, la technologie militaire évolue et la poudre à canon fait son apparition. Le wushu est de moins en moins nécessaire aux militaires.

 

 

 

 

2. Le Troisième Empire

 

a. De 1280 à 1367 : la Dynastie Yuan (mongole)

 

La dynastie des Song subit la pression mongole depuis des décennies. Le chef mongol Kubilaï Khan finit par s’emparer de la capitale Hangzhou en 1276. Il prend ensuite le contrôle du pays. En 1279, Kubilaï Khan fait de Beijing sa capitale.

La conséquence principale de cette domination mongole est le déclin de la culture chinoise ancienne. En revanche, les Mongols construisent des routes et des canaux et mettent en place un système postal efficace.

Le régime de terreur imposé par le dernier empereur Yuan, Togh Temur, provoque des soulèvements. Après la prise de Beijing, l’empereur est contraint de repartir pour la Mongolie.

 

Pendant cette période, de nombreux concours martiaux sont organisés : lutte, tir à l’arc, équitation, escrime. Le Wushu est également utilisé dans les tableaux historiques de l’Opéra de Pékin.

 

b. De 1368 à 1643 : la Dynastie Ming

 

Il s’agit d’une dynastie chinoise d’abord établie à Nanjing, puis à Beijing. Elle est marquée par le développement du commerce et des relations avec les Européens. Les pays voisins (Corée, Japon, îles Ryukyu, dont Okinawa) paient tribut. A cette époque, les arts martiaux chinois de Shaolin arrivent à Okinawa, en raison des relations régulières avec la Chine. Okinawa jouera un rôle de relais vers le Japon.

 

 

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Le général Qi Jiguang

 

 

Les arts martiaux connaissent un grand développement sous la dynastie Ming. Les livres sont un facteur de vulgarisation important du wushu (auparavant, la transmission du savoir se faisait de manière orale). Le général Qi Jiguang élabore une classification martiale dans un recueil qui distingue les techniques de pieds, de poings, de saisies et de projections. Il fait également une synthèse de boxe chinoise avec un enchaînement de 32 mouvements qu’il juge les plus efficaces : le Changquan (« longue technique »). On peut enfin signaler que sous les Ming, de nombreuses écoles voient le jour, et se répartissent en deux styles : Beijia (école du Nord) et Nanjia (école du Sud). Quant au monastère de Shaolin, il continua à prendre de l’importance sous la dynastie Ming, notamment par la participation aux combats contre les envahisseurs japonais.

 

Malgré des difficultés (intrigues de cour, pressions aux frontières, raids de pirates japonais), l’empire reste stable jusqu’en 1630. Suite à de nouveaux soulèvements populaires, les Ming font appel à des mercenaires mandchous en 1644. Ces derniers triomphent de la révolte, mais occupent Beijing. Ainsi s’achève la dynastie chinoise des Ming.

 

c. De 1644 à 1911 : la Dynastie Qing

 

C’est une dynastie mandchoue à l’autorité absolue, qui accentue la dictature sur le peuple par crainte des révoltes. Les Qing imposent aux Chinois le port de la natte comme signe de sujétion. La pratique du wushu est interdite en-dehors des écoles militaires (en 1901, un décret exclura le wushu du corps militaire).

 

De nombreuses sociétés secrètes encouragent l’esprit de rébellion des Chinois (fidèles aux Ming), en vue de renverser la dynastie mandchoue. Le salut du wushu (cf. devoir sur le Yin et le Yang) devient un signe de ralliement, avec pour mot d’ordre « Fan qing, fu ming », qui peut se traduire par « Chassez les Qing, restaurez les Ming ». Qing signifiant en chinois « obscurité », et Ming « clarté », on peut également traduire par : « Chassez l’obscurité et restaurez la lumière ». Ceci en dit long sur la volonté des résistants et leur perception de la dynastie mandchoue. C’est au sein de ces sociétés secrètes que se développe le wushu à cette époque.

 

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Salut martial (wu jingli)

 

De nombreux monastères, dont Shaolin, deviennent des foyers de résistance loyaliste             . Néanmoins, en 1674, les moines de Shaolin combattent à côté de l’empereur Kang. Pour toute récompense, l’autorité Qing ordonne d’incendier le monastère. Des moines en réchappent (cinq selon la légende) et diffusent les arts martiaux dans le sud de la Chine.

 

Le monastère perdit en notoriété lorsque le paysage militaire et politique de la Chine se modifia sous l’influence occidentale. En effet, la Première Guerre de l’Opium (1839-1842) ouvre le pays à l’Angleterre, à la France, aux U.S.A. (missions commerciales et religieuses). La Seconde Guerre de l’Opium (1856-1860) aboutit à la prise de Beijing par une expédition franco-britannique. Les privilèges occidentaux s’en trouvent élargis (obtention de la souveraineté sur des ports déclarés ouverts). Le trône des Qing vacille à plusieurs reprises :

- révolte des Taiping (1851-1860) qui ne peut être réprimée qu’avec l’aide militaire des occidentaux ;

- soulèvement des Boxers (1900) ;

- différentes guerres.

La mort de l’impératrice douairière Ci-xi (1835-1908) précipite la fin de la dynastie.

 

 

Il faut noter que, pendant la dynastie des Qing, le style interne (Neijia) se développe. Ainsi, de nombreuses écoles font leur apparition :

- Wang Lang (ancien laïc du temple de Shaolin) crée la boxe Tang Lang Quan (boxe de la Mante religieuse) ;

- Ji Jike (1602-1680) fonde l’école Xingyi (boxe de la Forme et de la Pensée), style majeur de l’école interne ;

- etc.

Signalons également la fondation de l’école Jing Wu (1909) à Shanghai.

 

En 1911, le Dr Sun Yat-Sen lance une révolte qui renverse la dynastie Qing. Il prône le wushu comme méthode d’exercices pour le combat.

 

III. De la Première République aux Jeux Olympiques

 

1. De 1911 à 1949 : la Ière République

 

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Dr Sun Yat-Sen

 

A la révolution de 1911 succède une période d’anarchie. Refusant toute autorité centrale, les « Seigneurs de la Guerre » exploitent la Chine à leur profit. Sun Yat-Sen devient finalement président en 1921, mais il meurt en 1925. Dès lors, le Général Jiang-Jeshi prend la tête du parti de Sun-Yat Sen, le Guomindang, puis s’attribue la direction de la Chine. Les communistes, dirigés par Mao Ze-dong, lui contestent cette position et entrent en lutte armée avec lui. La Seconde Guerre mondiale établit une trêve entre les deux groupes, car il leur faut lutter ensemble contre l’envahisseur japonais.

 

En 1928, est crée à Nanjing l’Institut de Recherche Kyushu (kyushu = sport national). Des instituts de wushu moderne voient le jour dans toutes les provinces de Chine par le gouvernement, qui décide également de la mise en place de tournois locaux et nationaux (1923 : première rencontre national de wushu à Shanghai).

En 1936, pour la première fois, le wushu est présenté au reste du monde lors des Jeux Olympiques de Berlin, en sport de démonstration.

 

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Six experts de lutte chinoise, lors d'une compétition à Tianjin en 1936.

Cette période républicaine n’est pas sans influence sur l’approche actuelle des arts martiaux chinois. Ceux-ci sont devenus accessibles au grand public, de nombreux artistes martiaux sont encouragés à enseigner, des manuels de formation sont édités… En 1931, le ministère de l’éducation chinois procède à la standardisation des techniques ancestrales du wushu, afin de l’enseigner dans les établissements secondaires. Outre les instituts créés par le gouvernement, citons également l’association Jing Wu fondée en 1910, exemple de l’approche systématique dans l’enseignement des arts martiaux.

 

2. Depuis 1949 : la République populaire de Chine

 

En 1949, Mao Ze-dong écarte son rival Jiang-Jeshi et s’empare du pouvoir. Jiang-Jeshi s’exile à Taïwan.

 

Le parti communiste interdit la pratique du wushu. En effet, soucieux d’établir une « révolution marxiste » sur le modèle soviétique, sa volonté est d’annihiler toutes les pratiques traditionnelles spirituelles et religieuses. En revanche, il prône des exercices de santé publique « pour le peuple » inspirés du wushu.

 

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Mais le wushu décline, perd en notoriété, jusqu’à être persécuté : pendant cette période, de grands maîtres sont exécutés, torturés ou humiliés en public. Beaucoup s’exilent à Taïwan, avec les troupes du Général Jiang-Jeshi, et à Hong Kong.

 

En 1950, la commission nationale de culture physique adopte le terme officiel de wushu pour désigner les arts martiaux chinois. La pratique et l’enseignement des arts martiaux sont structurés de manière officielle. Des professeurs sont formés aux nouvelles méthodes.

 

En 1956, la Fédération chinoise de wushu est fondée. Se développent alors les règlements sportifs pour la compétition technique.

 

La révolution culturelle de 1966 à 1976 contraint les arts martiaux chinois à une période de sommeil forcé. Le wushu est jugé archaïque. On lui reproche également d’être à l’origine de privilèges ((lignées familiales de transmission). Par la suite, les côtés négatifs seront éliminés, l’entrainement prenant un aspect scientifique et rationnel.

 

Dès 1979, la Chine renoue des relations diplomatiques avec l’occident. Le wushu moderne s’étend au niveau international :

- 1985 : première rencontre internationale de wushu à Xian ;

- 1987 : fondation de la fédération asiatique de wushu ;

- 1989 : naissance d’une réglementation internationale pour le combat sanshou ;

- etc.

 

En 1990, le wushu devient discipline de compétition aux Jeux asiatiques de Beijing.

 

3. Le wushu à la conquête d’une reconnaissance olympique ?

 

La démonstration de wushu aux Jeux olympiques de Berlin en 1936 peut laisser présager que ce sport deviendrait discipline olympique. Qu’en est-il exactement ? Comment le wushu a-t-il évolué depuis 20 ans au niveau international ?

 

Du point de vue du gouvernement chinois, il faut noter des changements dans les années 1990. Sa politique le conduit à une nouvelle approche du sport en vue d’une adaptation à de nouvelles logiques de marché. En 1998, la Commission des sports est fermée, signe d’une tentative de dépolitiser, tout du moins partiellement, l’organisation du sport. Aujourd’hui, le gouvernement soutient les deux approches des arts martiaux, traditionnelle et moderne, en tant qu’éléments de la culture chinoise.

 

Concernant les institutions, il convient de souligner en premier lieu la création de la Fédération internationale de Wushu (IWUF) en 1990. En 1998, elle met en place un système de grades officiels. Depuis quelques années, l’IWUF réclame que le wushu devienne discipline officielle aux Jeux olympiques.

 

Concernant les compétitions internationales, les premiers championnats du monde de wushu sont organisés en 1991 à Beijing. Ils ont lieu depuis tous les deux ans sur les différents continents (en Malaisie en 1993, aux Etats-Unis en 1995, en Italie en 1997, …).

 

En 2000, le CIO (Comité olympique international) reconnait le wushu comme discipline « olympiable », sachant que les Jeux olympiques 2008 ont été organisés à Beijing. Or, lors de ces derniers jeux, le wushu ne figurait pas dans la liste des disciplines. Seule a eu lieu une compétition soutenue par le CIO, mais marge des Jeux olympiques.

 

Description : le wushu ne sera pas olympique

 

Conclusion :

 

Le wushu, indissociable de l’Histoire de la Chine, a évolué pour devenir finalement une discipline sportive pratiquée dans le monde entier (même de vieux maîtres perpétuent encore la tradition martiale dans les régions de la diaspora, notamment Hong Kong et Taïwan).

Malgré ce développement, le wushu n’est pas reconnu comme discipline olympique, car il lui manquerait le critère déterminant d’universalité, critère que remplirait le karaté. Un travail important reste à accomplir pour faire connaître le wushu, ancêtre des arts martiaux asiatiques.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sources :

 

Le Grand Livre du Kung Fu Wushu, de Roger Itier (éditions De Vecchi)

Encyclopédie des arts martiaux d'Extrême-Orient, de Gabrielle et Roland Habersetzer (éditions Amphora)

www.memo.fr

http://fr.wikipedia.org/wiki/Arts_martiaux_chinois

http://fr.wikipedia.org/wiki/Hu%C3%A1ngd%C3%AC#L.27inventeur_des_Arts_Martiaux

http://fr.wikipedia.org/wiki/Chan_(bouddhisme)

Wushu et JO : http://www.kungfuwushu.org/kf/index.php/ws/Actualite/News/News-internationales/le-wushu-ne-sera-pas-olympique

http://www.wushumaroc.net/historique.php

Arts martiaux, David L. Mitchell (éditions Gründ)

http://www.huigangdao.fr/L'histoire%20de%20notre%20art%20martial.htm

 

 

Annexe : carte de Chine

 

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